Les placards historiques du musée de la Légion d’honneur

Le musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie nous fait l’honneur d’un partenariat qui va nous permettre de vous faire découvrir les plus beaux placards exposés au sein de ses collections.

Qu’il soit civil ou militaire, vous retrouverez ici chaque mois les décorations d’un personnage illustre…

#8 Général Raoul Magrin-Vernerey, dit Ralph Monclar

De gauche à droite : Médaille militaire, ordre national de la Légion d’honneur (grand’croix), ordre de la Libération, croix de guerre 1914-1918, croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs, croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance avec rosette, médaille des blessés de guerre, croix de guerre (avec épée – Norvège), croix d’Honneur et de Mérite militaire (or – Luxembourg), médaille des évadés, médaille commémorative des services volontaires dans la France libre, Military Cross (Royaume-Uni), Silver Star (États-Unis d’Amérique), Legion of Merit (officier – États-Unis d’Amérique), ordre de Saint-Olaf (grand’croix – Norvège), ordre du Cambodge (grand’croix), ordre du Dragon d’Annam (grand’croix), ordre du Ouissam alaouite (grand officier – Maroc), ordre de l’Empire britannique (commandeur – Royaume-Uni), ordre Virtuti Militari (commandeur – Pologne), ordre de l’Étoile de Roumanie (officier – Roumanie), ordre du Mérite (3e classe – Liban)

Né à Budapest (Hongrie) en 1892, Raoul Magrin-Vernerey entre à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion Montmirail) et participe à la Première Guerre mondiale, d’abord au 60e régiment d’infanterie puis au 260e. Capitaine, il termine le conflit avec onze citations (dont sept à l’ordre de l’armée), sept blessures de guerre et le grade de chevalier de la Légion d’honneur. Après l’Armistice, il quitte la France pour le Levant (où il reçoit deux nouvelles citations), avant de servir au Maroc et au Tonkin.

En février 1940, le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey est nommé au commandement de la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE), qui se distingue notamment à Narvik (Norvège). De retour en Bretagne le 16 juin 1940 avec le corps expéditionnaire, il part pour l’Angleterre et se rallie au général de Gaulle sous le pseudonyme de Ralph Monclar (du nom d’un village du Tarn-et-Garonne d’où sa famille est originaire). Envoyé en Afrique avec la 13e DBLE, il participe aux opérations de la France libre et est promu général de brigade en décembre 1941.

Général de corps d’armée après la Seconde Guerre mondiale, il choisit de terminer sa carrière par une dernière campagne. C’est ainsi qu’en 1951, il échange ses étoiles de général pour des galons de lieutenant-colonel pour obtenir le commandement du bataillon français mis à la disposition de l’ONU en Corée. À son retour, il est nommé gouverneur des Invalides et décède le 3 juin 1964 au Val-de-Grâce. Reflets de ses exploits au service de la nation, ses décorations ont été mises en dépôt au musée de la Légion d’honneur en janvier 2023.

#7 Rosa Bonheur

De gauche à droite : ordre national de la Légion d’honneur (France), ordre d’Isabelle la Catholique (Espagne), ordre de Saint-Charles (Mexique), ordre de Léopold (Belgique)

Née à Bordeaux en 1822, Rosa Bonheur commence le dessin dès son plus jeune âge en profitant de l’enseignement de son père. Si les femmes ne sont pas encore admises à l’École des Beaux-arts à cette époque, cela ne l’empêche pas de développer son talent pour la peinture et d’adopter un style proche du réalisme, notamment à travers la représentation des sujets animaliers et de la vie rurale.

En 1853, Rosa Bonheur s’affirme sur la scène publique en exposant Le Marché aux chevaux, ce qui lui vaut une renommée mondiale. Sa grande notoriété lui permet de participer aux grandes expositions telles que les Expositions universelles de 1855 et 1867 à Paris et celle de 1893 à Chicago. En parallèle, son indépendance de caractère et sa vie à contre-courant des conventions ouvriront la voie à l’indépendance des femmes.

Première artiste féminine à recevoir la Légion d’honneur en 1856 – des mains de l’impératrice Eugénie –, elle devient également la première femme à être promue au grade d’officier en 1894. Aujourd’hui, l’ensemble de ses décorations sont déposées par le château de Fontainebleau au musée de la Légion d’honneur.

#6 Jacqueline Auriol

De gauche à droite : Ordre national de la Légion d’honneur (officier), médaille de l’aéronautique, ordre national de Haute-Volta (commandeur – Haute-Volta), ordre de l’Étoile équatoriale (commandeur – Gabon), ordre national de Côte d’Ivoire (commandeur – Côte d’Ivoire), ordre national du Niger (commandeur – Niger), ordre de l’Éducation sociale (commandeur – non officiel)

Né à Challans en 1917, Jacqueline Auriol se consacre à l’aviation après une suggestion de Pierre Pouyade, héros du Normandie-Niémen. Elle s’initie alors à la voltige aérienne et, après avoir obtenu son brevet de pilote en 1948, devient la première aviatrice européenne à franchir le mur du son le 15 août 1953, à bord d’un Dassault Mystère II.

Admise entre­temps au Centre d’essais en vol, brevetée pilote d’essai, elle sera la femme la plus rapide du monde à cinq reprises, entre 1951 et 1963, entretenant une rivalité avec l’américaine Jacqueline Cochran. Après cette épopée couronnée à trois reprises par le Harmon Trophy, une haute distinction aéronautique, elle est élevée à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur le 13 juillet 1992, avant de s’éteindre à Paris, le 11 février 2000.

Acquises par le musée de la Légion d’honneur en 2019, ses décorations sont exposées dans la vitrine des IVe et Ve Républiques. On y retrouve son insigne d’officier de la Légion d’honneur (nomination du 31 octobre 1956) et ses miniatures de l’ordre national de Haute-Volta (actuel Burkina Faso), de l’ordre équatorial du Gabon, de l’ordre national de Côte d’Ivoire et de l’ordre national du Niger.

#5 Colonel Thibaut Vallette

De gauche à droite : Ordre national de la Légion d’honneur (chevalier), croix du combattant, médaille d’outre-mer (agrafe Tchad), médaille de la Défense nationale (échelon or – agrafe Arme blindée), médaille de reconnaissance de la Nation (agrafe Opérations extérieures), médaille commémorative française (agrafe Ex-Yougoslavie), médaille de l’OTAN Non-Article 5 (agrafe Ex-Yougoslavie)

Né à Brest en 1974, Thibaut Vallette est initié à l’équitation dès l’âge de cinq ans. D’abord cavalier de loisir, il découvre le concours complet d’équitation – une discipline qui consiste à enchaîner le dressage, le cross et le saut d’obstacles –, lors de ses études au Prytanée national militaire de La Flèche. Lauréat du concours d’entrée de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1995, il intègre la promotion Cazeilles et choisit l’école d’application de la cavalerie blindée et de la cavalerie de Saumur à l’issue de sa scolarité.

Sa carrière équestre va alors s’interrompre pendant trois ans, le temps de son affectation au 4e régiment de chasseurs de Gap, avant de reprendre en 2002, lorsqu’il intègre le Centre sportif d’équitation militaire de Fontainebleau. De retour à Saumur, il revient ensuite à Fontainebleau avant de retrouver l’École nationale d’équitation en 2009. Trois ans plus tard, il est associé au cheval Qing du Briot, un hongre qui lui permet d’obtenir la médaille d’or à l’épreuve de concours complet par équipe aux Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro (Brésil).

Nommé chevalier de la Légion d’honneur la même année pour son exploit équestre, le colonel Vallette est ensuite nommé écuyer en chef du Cadre noir de Saumur. Reflets de sa carrière militaire et sportive couronnée de succès, ses décorations sont exposées au musée de la Légion d’honneur dans le cadre de l’exposition « Sports et distinctions honorifiques – Plus vite, plus haut, plus fort, ensemble ».

#4 Alain Mimoun

De gauche à droite : Ordre national de la Légion d’honneur (chevalier), croix du combattant, médaille coloniale (agrafe Tunisie 42-43), médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 (agrafes Allemagne, Libération, Italie et Afrique), médaille commémorative de la campagne d’Italie, médaille des blessés de guerre, médaille de l’éducation physique et des sports (échelon or)

Né à Maïder (Algérie française) en 1921, Alain Mimoun a tout juste dix-huit ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Il s’engage alors au sein du 6e régiment de tirailleurs algériens et profite de cette expérience pour découvrir l’athlétisme. Combattant en Tunisie au sein du 19e régiment du génie et en Italie au sein du corps expéditionnaire français, il reçoit un éclat d’obus dans la jambe lors de la bataille de Monte Cassino mais évite l’amputation.

Il peut donc continuer à la course à pied et, une fois la guerre terminée, participer à ses premiers championnats de France en 1947. L’année suivante, à Londres, il prend part pour la première fois aux Jeux olympiques. Sur 10 000 m, il remporte la médaille d’argent derrière « la locomotive tchèque » Emil Zátopek. Aux Jeux d’Helsinki en 1952, il se fait de nouveau supplanter par son rival et termine deuxième, mais Mimoun prend sa revanche quatre ans plus tard à l’épreuve de marathon de Melbourne.

Cette médaille d’or lui vaut d’être nommé chevalier de Légion d’honneur la même année et, après une longue carrière auréolée de trente-deux titres de champion de France (5 000 m, 10 000 m, marathon et cross-country), l’athlète est élevé au grade de grand’croix de la Légion d’honneur en 2008, avant de s’éteindre en 2013 à l’âge de 92 ans. Pour lui rendre hommage, ses décorations sont exposées au musée de la Légion d’honneur dans le cadre de l’exposition « Sports et distinctions honorifiques – Plus vite, plus haut, plus fort, ensemble ».

#3 Maurice Bellonte

De gauche à droite : Ordre national de la Légion d’honneur (grand’croix), croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance avec rosette, médaille de l’aéronautique, insigne de la Cloche de la Liberté (États-Unis), ordre du Mérite aéronautique (grand’croix – Brésil), médaille d’honneur de l’éducation physique (échelon or), ordre du Nichan Iftikhar (grand officier – Tunisie), ordre du Cambodge (officier – Cambodge), ordre du Million d’éléphants et du Parasol blanc (officier – Laos), ordre du Grain d’or (grand officier – Brésil), ordre du Tigre rayé (grand officier – Chine), médaille du Mérite de Santos-Dumont (Brésil), ordre des Saints-Maurice et Lazare (commandeur – Italie), ordre de la Bravoure aérienne (commandeur – Roumanie), ordre du Phénix (officier – Grèce)

Né à Méru en 1896, Maurice Bellonte se consacre à l’aviation dès la fin de ses études, en entrant dans l’entreprise aéronautique Anzani, où il devient mécanicien naviguant, radio navigateur puis pilote. C’est dans ce dernier poste que sa renommée grandit, lorsqu’il bat en 1929 le record de distance avec un vol de 7 925 kilomètres entre Paris et Tsitsikar (Mandchourie – Chine) avec son coéquipier Dieudonné Costes. À son retour en France, il est fait chevalier de la Légion d’honneur sur le terrain d’aviation du Bourget.

À peine un an plus tard, les 1ers et 2 septembre 1930, le binôme Coste-Bellonte réussit le premier vol Paris-New York en 37 heures et 14 minutes, à bord du Breguet XIX Point d’interrogation. Un nouvel exploit qui vaut à l’aviateur d’être promu officier de la Légion d’honneur, quatre jours seulement après sa traversée de l’Atlantique.

Acquise par le musée en janvier 2017, sa barrette de décorations comprenant la Médaille de l’aéronautique, le Mérite aéronautique brésilien ou encore l’ordre roumain de la Bravoure aérienne témoigne de sa notoriété. L’aviateur sera élevé à la dignité de grand’croix de la Légion d’honneur en 1980 et décédera à Paris quatre années plus tard.

#2 Victor Hugo

De gauche à droite : ordre royal de l’Étoile polaire (Suède), ordre national de la Légion d’honneur (France), ordre de Léopold (Belgique), ordre royal de Charles III (Espagne)

Troisième fils d’un général de l’armée napoléonienne, Victor Hugo naît à Besançon en 1802. Se consacrant à la littérature dès l’adolescence, sa grande production littéraire et son immersion dans la vie parisienne vont faire de lui le chef de file du mouvement romantique, qui s’affranchit des codes en vigueur du classicisme. En 1841, reconnu par ses pairs, il est élu à l’Académie française.

Artiste engagé, il prend une part de plus en plus active à la vie politique, allant même jusqu’à se faire expulser de France en 1852, à cause de son hostilité affichée à l’empereur Napoléon III. En exil pendant plus de vingt ans, il écrit Les Misérables, l’un des romans les plus notables du XIXe siècle, et profite de la proclamation de la République en 1870 pour faire un retour triomphal en France. Élu député puis sénateur, il fait l’objet de funérailles nationales à sa mort en 1885.

Mises en dépôt au musée grâce à un partenariat avec la Maison Victor Hugo, les décorations du célèbre écrivain reflètent son engagement politique puisqu’il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1825 pour ses positions ultraroyalistes et ses odes à la naissance du duc de Bordeaux, puis nommé officier par Louis-Philippe en 1837, alors que ses idées tendent à devenir plus libérales.

#1 Général Augustin Dubail

De gauche à droite : Médaille militaire, croix de guerre 1914-1918 (deux citations à l’ordre de l’armée), ordre militaire et impérial de Saint-Georges (4e classe – Russie), croix de guerre 1914-1918 (une citation à l’ordre du jour – Belgique), Distinguished Service Medal (États-Unis)

Né à Belfort en 1851, Augustin Dubail entre à l’École spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr à 17 ans et participe à la guerre de 1870, où il est gardé prisonnier par les Allemands de novembre 1870 à avril 1871. À peine libéré, il participe aux combats contre la Commune de Paris. Le 1er août 1905, il devient chef de cabinet du ministre de la Guerre, puis commandant de l’ESM l’année suivante.

À la déclaration de la guerre de 1914, le général Dubail prend la tête de la première armée, avant de se voir confier le commandement des 600 000 hommes du groupe d’armées de l’Est le 6 janvier 1915. Le printemps et l’été 1915 sont marqués par de terribles combats dans les Vosges alsaciennes, qui furent peu couronnés de succès malgré l’ardeur du général Dubail, partisan de l’offensive.

En janvier 1916, le général Joffre lui retire son commandement ; le général Dubail est alors nommé gouverneur militaire de Paris, puis, le 14 juin 1918, après avoir été élevé à la dignité de grand’croix de la Légion d’honneur, il devient grand chancelier de l’Ordre. Occupant ce poste pendant plus de quinze ans, il contribue à l’évolution de cette institution et à la création du musée de la Légion d’honneur. Il s’éteint à Paris le 7 janvier 1934.

Pour en savoir plus sur le musée de la Légion d’honneur

Référence mondiale incontournable dans le domaine des décorations, le musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie retrace l’histoire des décorations françaises et étrangères, sur une période allant du Moyen Âge au XXIe siècle.

Informations pratiques

Le musée est gratuit pour tous.

Adresse :
2, rue de la Légion d’honneur (parvis du musée d’Orsay)
75007 Paris

Horaires d’ouverture :
Du mercredi au dimanche
de 13h à 18h, dernière admission à 17h30

Accès :
Bus 24, 63,68, 69, 73, 83, 84, 94
Métro Solférino
RER C Musée d’Orsay