Depuis sa création sous une autre dénomination en 1915, le 3e régiment étranger d’infanterie a participé à toutes les campagnes françaises pour devenir aujourd’hui le régiment le plus décoré de la Légion étrangère, avec neuf décorations et seize citations à l’ordre de l’armée.

Dans cet article, nous vous proposons de revenir sur l’illustre histoire du 3e REI à travers les nombreuses décorations françaises et étrangères qu’il a reçues en l’honneur de ses faits d’armes et de son héroïsme…

En avant, 3e régiment, en avant, toujours en avant !

Refrain du chant du 3e REI

L’histoire du 3e REI

Première Guerre mondiale

Le 3e REI trouve ses racines le 11 novembre 1915 dans la réunion de quatre régiments de marche en une unité : le régiment de marche de la Légion étrangère. Alors constitué de trois bataillons, le RMLE participe en 1916 à la bataille de la Somme, dans laquelle il s’illustre lors de la prise de Belloy-en-Santerre (80).

Remise de la croix de guerre au drapeau du RMLE, le 5 septembre 1916

En juillet 1917, le régiment devient la première unité de l’armée française à recevoir la fourragère aux couleurs de la médaille militaire, tandis qu’il reçoit l’ordre de contre-attaquer à Verdun (55) le mois suivant. Faisant face à quatre régiments ennemis le 20 août, les légionnaires perforent le front sur plus de trois kilomètres, ce qui ajoute une sixième palme au compte du régiment, qui reçoit la fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur en septembre.

« Merveilleux régiment qu’anime la haine de l’ennemi et l’esprit de sacrifice le plus élevé », le drapeau du RMLE se voit ensuite attribuer la Légion d’honneur le 4 décembre 1917.

Le lieutenant-colonel Rollet, chef de corps du 3e RMLE, tient le drapeau du régiment décoré de la Légion d’honneur et de croix de guerre

En septembre 1918, le régiment donne l’assaut sur la ligne Hindenburg, un vaste système de défenses et de fortifications à la hauteur de Terny-Sorny (02). En deux semaines de combat, le RMLE perd la moitié de ses effectifs mais parvient à percer la ligne de défense le 14 septembre, un exploit qui vaut au régiment sa neuvième citation à l’ordre de l’armée. Il devient ainsi l’une des deux seules unités (avec le régiment d’infanterie coloniale du Maroc) à recevoir la fourragère double aux couleurs de la Légion d’honneur et de la croix de guerre.

Régiment d’élite, qui, au cours des opérations du 27 août au 16 septembre 1918, sous le commandement de son remarquable chef, le lieutenant-colonel Rollet, vient d’affirmer une fois de plus ses hautes qualités militaires. Le 2 septembre, au mépris des feux croisés de mitrailleuses qui fauchent ses vagues d’assaut, il progresse jusqu’à son objectif, Terny-Sorny qu’il atteint et organise, il s’y maintient repoussant de puissantes contre-attaques. Du 3 au 13 septembre, par des combats incessants, nuit et jour, dans une atmosphère saturée de gaz, sous de violents bombardements et rafales de mitrailleuses, pied à pied à la grenade, il pousse ses lignes en avant en un effort héroïque constant. Le 14 septembre, avec une fougue admirable, après douze jours de lutte très dure, il enlève un des saillants réputés inexpugnables de la ligne Hindenburg au plateau de Laffaux, y cueille plus de 500 prisonniers, des canons et une grande quantité de matériels

Ordre de la Xe armée n° 437 du 10 novembre 1918

Cette date est depuis lors commémorée chaque année lors de la « fête de la fourragère ».

Entre-deux-guerres

Après la guerre, d’autres décorations viennent s’ajouter au drapeau du régiment afin de récompenser les actes d’abnégation et de sacrifice dont a fait preuve le RMLE entre 1915 et 1918, à savoir la médaille militaire (reçue le 14 septembre 1919) et l’ordre militaire de la Tour et de l’Épée de Valeur, de Loyauté et de Mérite, la plus haute distinction portugaise.

Notons également que le régiment a reçu la medalla commemorativa de la Guerra del 1914-1918, une médaille associative créée par le « Comité de fraternité avec les volontaires catalans » pour récompenser les Espagnols qui se sont engagés volontairement dans la Légion étrangère pendant la Grande Guerre, et ce malgré la politique de neutralité menée par le roi Alfonso XIII.

Les médailles et le drapeau du 3e REI

Stationné en Allemagne, le RMLE rejoint ensuite le Maroc en 1920 pour participer à la guerre du Rif face aux tribus berbères jusqu’en 1927, ce qui lui vaudra de se voir décerner la médaille du Mérite militaire chérifien par le sultan du Maroc, en récompense des services exceptionnels que le régiment a rendu au protectorat français, aussi bien pendant le conflit que lors des opérations d’après-guerre.

Entretemps, le RMLE change de nom en septembre 1920 pour devenir le 3e régiment étranger (3e RE), puis le 3e régiment étranger d’infanterie (3e REI) à compter du 20 juin 1922.

Seconde Guerre mondiale

Le 8 novembre 1942, l’opération Torch, au cours de laquelle les Américains débarquent en Algérie et au Maroc, est lancée. La Légion étrangère reçoit alors l’ordre de combattre l’armée allemande en Tunisie. Après l’éphémère existence d’une demi-brigade de marche fondée à partir d’effectifs du 3e REI, le général Giraud crée le 3e régiment étranger d’infanterie de marche (3e REIM) le mois suivant.

La garde au drapeau du RMLE au Maroc, en 1944

Prenant d’abord part à la campagne de Tunisie (avril-mai 1943), le régiment redevient le RMLE et participe, au sein de la 1re armée du général de Lattre de Tassigny, à la Libération de la France. Le 9 avril 1945, le régiment pénètre dans la Forêt Noire et conquiert Stuttgart le 21. Continuant sa descente vers le Sud, il finit par pénétrer en Autriche en mai, à la veille de la capitulation allemande.

La DUC a été renommée « Presidential Unit Citation » en 1957

Son comportement exemplaire au combat lors de sa progression lui vaut trois citations à l’ordre de l’armée sur sa croix de guerre 1939-1945 et le droit au port permanent, pour les militaires du régiment, de la Distinguished Unit Citation, une prestigieuse décoration collective américaine, avec l’inscription « Rhine-Bavaria-Alps » sur la flamme accrochée à son drapeau.

Une fois la guerre terminée, le régiment reprend de nouveau son appellation de « 3e REI » le 1er juillet 1945.

Guerre d’Indochine

Le drapeau du 3e REI en Indochine

Dès le mois de décembre 1945, le 3e REI rejoint la péninsule indochinoise pour contribuer à rétablir l’autorité française en Indochine, bien que la guerre finisse par éclater entre la France et le Viet-Minh un an plus tard.

Faisant face à de nombreuses embuscades et attaques de postes, les légionnaires subissent le manque d’unités aéroportées. Pour y remédier, le 1er avril 1948, une compagnie TAP est créée au sein du régiment, la toute première unité de légionnaires parachutistes.

Durant ce conflit, de nouvelles pages de gloire sont inscrites au livre d’or du régiment, notamment à Phu Tong Hoa, où la 2e compagnie subit pendant neuf heures les assauts ennemis sans céder, ou à Cao Bang où la quasi-totalité du 3e bataillon disparaît.

Engagé jusqu’à Diên Biên Phu en 1954, le régiment reçoit quatre citations à l’ordre de l’armée sur sa croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs et une nouvelle fourragère aux couleurs de la médaille militaire.

Implantation en Guyane

Après avoir participé à la guerre d’Algérie, le régiment s’installe à Madagascar, puis à Kourou le 11 septembre 1973. Dès son arrivée en Guyane, le 3e REI perce la route de l’Est à travers la forêt, afin de relier Cayenne à la frontière brésilienne, et s’investit dans l’aménagement du Centre spatial guyanais (CSG). Il reçoit d’ailleurs la médaille de vermeil du Centre national d’études spatiales en 1979, décernée pour la première fois à une unité militaire.

L’insigne anniversaire des 50 ans de présence du 3e REI en Guyane sur la fusée Ariane

Ayant vocation à être projeté dans le sous-continent sud-américain, ce qui fut le cas en 2004 lors de la mission de stabilisation en Haïti et en 2017 à la suite de l’ouragan Irma à Saint-Martin, le régiment participe à de nombreuses opérations intérieures, à savoir la protection du CSG (opération Titan), la lutte contre l’orpaillage illégal (opération Harpie) et l’aide aux populations pour faire face à l’épidémie de Covid-19 (opération Résilience).

Les décorations du 3e REI

Décorations françaises, étrangères et associatives

De gauche à droite : Légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre 1914-1918 (neuf palmes), croix de guerre 1939-1945 (trois palmes), croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs (quatre palmes), ordre militaire de la Tour et de l’Épée de Valeur, de Loyauté et de Mérite (Portugal), médaille du Mérite militaire chérifien (Maroc), Presidential Unit Citation (États-Unis), medalla commemorativa de la Guerra del 1914-1918 (associative)

Fourragères

Outre le ruban de la Presidential Unit Citation, les légionnaires du 3e REI portent :

  • Les fourragères du 3e REI
    la fourragère double aux couleurs de la Légion d’honneur et de la croix de guerre (récompensant ses neuf palmes pendant la Première Guerre mondiale), avec une olive aux couleurs de la croix de guerre 1939-1945 (récompensant ses trois palmes pendant la Seconde Guerre mondiale) ;
  • la fourragère aux couleurs de la médaille militaire avec olive aux couleurs de la croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures (récompensant ses quatre palmes pendant la guerre d’Indochine).

Pour en savoir plus, consultez notre page sur les fourragères !

Conclusion

Ayant combattu à deux reprises pour la libération du territoire national et engagé sur quatre continents au cours de son histoire, le 3e REI possède l’un des deux drapeaux les plus décorés de l’armée française et le plus décoré de la Légion étrangère.

Aujourd’hui expert des techniques et actions en jungle, ce régiment d’élite, fidèle au code d’honneur du légionnaire, continue de servir la France « avec honneur et fidélité », tout en incarnant les plus belles valeurs militaires.

Le drapeau du 3e REI et ses treize batailles